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« Cet émigré installé chez vous, vous le traiterez comme l’un de vous… »  Lévitique 19, 34

La 11e Nuit des Veilleurs nous convie à la réflexion, à la prière pour l’étranger qui vient résider chez nous parce qu’il a été obligé de fuir sa patrie et son foyer, le plus souvent au péril de sa vie et celle de sa famille.  Telle fut aussi la condition des Hébreux fuyant l’esclavage dans l’Égypte de l’antiquité. Ainsi, Dieu nous presse-t-il, en quelque manière, à accueillir les personnes déracinées et à leur faire une large place chez nous, qu’elles viennent de la Syrie ou d’un environnement géographique plus immédiat, avec le souci de respecter ou de restaurer leur dignité souvent bafouée.

PRIÈRE

Nous sommes à bout de souffle, Seigneur, mais tu nous viens tout entier, de toute ta force, de toute ta ferveur, de tout ton Souffle brûlant…
Aide-nous à déchiffrer ta trace incandescente sur le visage de l’étranger ou de l’étrangère ! Dis-nous comment accueillir autrui dans sa vérité, dans sa langue et son langage, dans ses ténèbres ou sa foi, l’accueillir au cœur de ta silencieuse présence !
Apprends-nous comment laisser brûler ce feu du dedans qui nous vient d’en haut à chaque Pentecôte de nos vies, comment laisser éclore cette tendresse des entrailles qui pousse aux gestes les plus fous, aux intercessions les plus audacieuses !
Dans l’étroitesse de nos demeures, entre nos barricades les plus sacrées, fais éclater ta Pentecôte, qu’elle nous donne un second souffle !
Viens toi-même intercéder en nous pour les êtres qui souffrent, pour les êtres qui blessent et détruisent, pour les êtres dont l’humanité est en danger.
Ô Dieu, donne souffle à notre prière !

Lytta Basset, Traces Vives, Labor et Fides, 1997

TEXTES SACRÉS

[Seigneur] sois attentif à mes cris, car je suis si faible! Délivre-moi de mes persécuteurs, car ils sont plus forts que moi. Sors-moi de ma prison pour que je célèbre ton nom. Autour de moi, les justes feront cercle quand tu m’auras fait du bien. Psaume 142 (141), 7-8
Les ténèbres ayant envahi la terre et le cœur de Jésus en croix, celui-ci s’écria : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? Mt15, 34
Jésus-Christ porte la loi de l’amour à son accomplissement lorsqu’il déclare : Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde, car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger;… j’étais un étranger et vous m’avez recueilli; nu et vous m’avez vêtu; malade et vous m’avez visité; en prison et vous êtes venus à moi… Mt 25, 31-46.

À chaque fois que nous posons de tels gestes de miséricorde, nous prenons soin des sœurs et des frères de Jésus. Nous ne serons pas jugés sur nos déclarations de foi, nos rituels et nos prières, mais sur l’amour partagé sans frontières, l’amour qui rejoint en priorité ceux qui en ont le plus besoin, l’amour qui annonce le Royaume, l’amour qui, en somme, continue la mission de Jésus, ici et maintenant.

CHANT

Raymond Lévesque, Quand les hommes vivront d’amour (vidéo et paroles)

ACCÉDER À L’HUMAIN PAR LE DIVIN

Avant d’aimer, je dois pardonner, un acte inhumain. Heureusement pardonner est divin, et j’y arrive parce que Dieu, tu es là au cœur de mon cœur. Et alors, libéré de la haine je peux commencer à vivre d’amour avec mes frères et mes sœurs. Après ma mort viendront des beaux jours pour la terre. J’aurai été perdant pour que vive la sagesse. Oui quand enfin les hommes vivront d’amour…

PRIÈRE

Non, ce n’est pas facile, Seigneur, de s’oublier soi-même pour penser aux autres, de céder un peu de temps pour le consacrer aux autres, de se priver pour donner aux autres, pas facile de se taire pour écouter les autres, pas facile de comprendre l’inquiétude des autres, pas facile de souffrir de la souffrance des autres, pas facile de se mettre à la place des autres. Des autres… c’est-à-dire… de nos frères, de nos sœurs…
De cette sœur qui nous dérange et qui nous importune, de ce frère dont le regard nous impressionne, de ce frère dont le visage nous questionne, de cette sœur dont la voix, le cri, ou le silence nous trouble, de ce frère qui attend,  de cette sœur qui espère, de ce frère, Seigneur, dont tu nous parles quand tu nous dis au plus profond de nous-mêmes : Qu’as-tu fait de ton frère ?  Qu’as-tu fait de ta sœur?
De celui qui a faim, de celle qui est malade, de celui qui est seul, de celle qui est inquiète, de celui qui est prisonnier, persécuté, torturé, de celle qui est abandonnée. Et moi, Seigneur, sûr de ma tranquillité et de mon abondance, sûr de ma certitude et de ma suffisance, je te réponds : Suis-je responsable de mon frère? Il y a tant de cas, tant de drames… il y a tant d’appels, tant de souffrances dans le monde…
Aide-nous, Seigneur, à voir, aide-nous à entendre, aide-nous à comprendre, aide-nous à être disponibles, aide-nous à faire pour nos frères et pour nos sœurs selon nos possibilités, mais tout ce qui est possible selon le nombre de talents reçus sans en dissimuler un seul…
Pour le reste, Seigneur, pour tout ce qui nous dépasse, pour ce qui concerne l’impossible, nous savons bien que tu es là, alors… nous comptons sur toi.

Anonyme

RÉFLEXIONS

  • Quels extraits des textes, des chansons ou des prières me rejoignent ?
  • En quoi peuvent-ils nourrir mon engagement à l’ACAT?
  • Qui est l’étranger pour moi ? Qu’est-ce qui m’attire, me fascine en lui, en elle? Qu’est-ce qui m’inquiète, me rebute en lui, en elle?
  • Est-ce que j’accepte d’être dérangé dans mes certitudes, mon confort, mes préjugés au nom de la justice, ici et maintenant évocation du règne de Dieu?

PROLONGEMENTS POSSIBLES

PRIÈRE

Comme l’homme blessé, je crie vers Toi et j’implore ta compassion. Tout mon bien a été dérobé et mon corps est meurtri. Dans ta bonté, ne me repousse pas ! Tu te fais mon prochain, de moi qui suis là et qui en ai besoin. Apprends-moi à me rendre proche de celui qui est malade, de celui qui souffre, de l’étranger perdu loin de chez lui. Seigneur ! Tu es à la fois le Bon Samaritain et Celui qui est blessé au bord du chemin. Apprends-nous la charité fraternelle comme des fils d’un même Père, et non l’indifférence qui ne voit pas son prochain.

Prière orthodoxe

« Nous sommes frères par la nature, mais étrangers par l’éducation. »

Confucius

GESTES à POSER

  • M’impliquer dans l’accueil ou le parrainage d’individus ou de familles immigrés, réfugiés;
  • Dans la tragédie de Fort McMurray, et d’autres qui surviendront, aider les personnes par un soutien, financier ou autre, aux organismes humanitaires;
  • Être attentif à lutter contre le mal en débusquant les préjugés qui m’habitent et souvent l’ignorance complaisante qui m’isole dans mon confort;
  • Développer un sens critique envers les informations biaisées véhiculées dans les différents médias, un prêt-à-penser facile, simpliste, souvent sans nuances;
  • Fréquenter le site Web de l’ACAT pour consolider mon engagement en trois volets : s’informer – prier – agir.
  • Lire le Bulletin de l’ACAT Canada (juin 2016) et écrire aux victimes de la torture dans le cadre de La Nuit des veilleurs.
  • Si possible, participer au Forum social mondial au mois d’août prochain à Montréal, de même qu’au Forum mondial théologie et libération.

« En 2012, António Guterres, Haut Commissaire [des Nations Unies pour les réfugiés] a déclaré : Tous les systèmes de valeurs des principales religions embrassent l’humanité, le soin et le respect de l’autre, ainsi que la tradition d’octroyer une protection aux personnes en danger. Les principes du droit moderne des réfugiés s’enracinent profondément dans ces Écritures et Traditions anciennes.  Le monde compte aujourd’hui des dizaines de millions de réfugiés et de déplacés. Nous sommes tous, en quelque sorte, des migrants sur cette Terre, cheminant ensemble dans la voie de l’espérance. »

Gérard Leroy, L’accueil de l’étranger dans les religions


Comité Solidarité prière : F. Delorme, D. Fortin, R. Labbé, J.-M. Laforest.

Schéma de prière et de réflexion – Été 2016 (en pdf, format « feuillet de papier »)