Le photographe Shahidul Alam a été arrêté le 5 août 2018 au Bangladesh pour avoir tenu sur les médias des propos qui ne plaisent pas au gouvernement concernant les manifestations par les étudiants pour la sécurité des rues. Son arrestation fut robuste : près de 30 policiers armés pour un seul homme. Les conditions de détention au Bangladesh font craindre que ce prisonnier soit torturé.
Shahidul Alam est reconnu mondialement pour ses photographies qui ont été publiées dans le Times et le National Geographic. En juillet 2018, des étudiants manifestaient au Bangladesh pour que le gouvernement prenne des mesures afin de rendre les rues sécuritaires. La répression policière étant très forte à l’égard des manifestants, Shahidul Alam publiait des photos sur Facebook et fut interviewé par le média Al Jazeera pour dénoncer la violence policière. Pour cette raison il fut arrêté. La police dit qu’il a donné de fausses informations à différents médias et qu’il a tenu des propos provocateurs. Environ 30 policiers sont venus chez lui pour l’arrêter avec violence. Il y a lieu de croire que l’homme de 63 ans aurait eu des blessures aux jambes dans cette arrestation musclée du 5 août 2018 ou lors de son interrogatoire parce qu’il avait besoin d’aide pour se déplacer lorsqu’il est passé en cour le lendemain. Il a lui-même proclamé avoir été torturé.
Reporter sans frontières et Amnistie Internationale réclament sa libération immédiate et sans condition. En effet, l’article 57 de la Loi sur les technologies de l’information et de la communication du Bangladesh prévoit une peine comprise entre 7 et 14 ans de prison pour ce type d’infraction. Ces dispositions juridiques sont souvent invoquées pour museler les dissidents. Et cela, en violation des normes internationales qui protègent le droit à la liberté d’expression. Amnistie internationale considère que Shahidul Alam est un prisonnier d’opinion, détenu uniquement pour avoir exercé de manière légitime son droit à la liberté d’expression [1].
Contexte
La violence policière exercée durant les manifestations de la fin du mois de juillet est excessive. Ces manifestations constituent une réaction au décès de deux étudiants frappés par un autobus. Les attaques de la ligue Awami envers les manifestants pour la sécurité des rues ont été rapportées dans l’entrevue avec Al Jazeera par Shahidul Alam dont les commentaires dénonçaient le caractère autoritariste du gouvernement autocratique actuellement en place.
Effectivement, la portée de ces manifestations est plus large que l’unique sécurité des rues. Les élections sont attendues pour décembre et les manifestants souhaitent exprimer leur colère envers ce gouvernement que Shahidul Alam a critiqué sur Al Jazeera. Il s’agit d’une colère sociale envers la corruption, la violence systémique et l’absence de considération pour les citoyens.
Le Bangladesh est reconnu depuis longtemps pour la violence endémique de ses forces de l’ordre et la torture ayant lieu dans ses prisons [2]. Pourtant, le Bangladesh adhère à la Convention contre la torture depuis 1998 et a aussi adopté une loi pour mettre fin à l’impunité des auteurs de torture en 2013. Même si lors du dernier Examen périodique universel du Bangladesh en mai 2018, l’État a affirmé qu’il fait des efforts pour mettre fin à l’impunité des tortionnaires [3], la torture est toujours une pratique courante par les forces de l’ordre [4], comme en témoigne le cas de Shahidul Alam. En tolérant ces pratique, le Bangladesh viole la Convention contre la torture et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
L’ACAT Canada s’inquiète de la santé de cet activiste et souhaite que vous écriviez aux autorités afin de le protéger contre la torture, de demander sa libération et celle des autres prisonniers d’opinion ainsi que la mise en œuvre d’une enquête sur son arrestation et sa détention.
Sources (et pour aller plus loin)
ACAT France. 2010. Fiche-Pays : Bangladesh. www.acatfrance.fr/un-monde-tortionnaire/Bangladesh-rapport-2010 [2]
Amnistie Internationale, Canada francophone. 2018. Action urgente : Bangladesh. Un militant encourt 14 ans de prison pour une interview accordée aux médias. amnistie.ca/simpliquer/actions/reseau-actions-urgentes/un-militant-encourt-14-ans-prison-pour-une-interview [1]
Estrin, James. 2018. Shahidul Alam: A Singular Voice in Photography for Dignity and Human Rights. Dans New York Times. www.nytimes.com/2018/08/16/lens/shahidul-alam-bangladesh-photo.html
Human Rights Watch. 2018. World Report : Bangladesh. https://www.hrw.org/world-report/2018/country-chapters/bangladesh [4]
Nations unies, Conseil des droits de l’homme, Groupe de travail sur l’Examen périodique universel. 2018. Rapport national soumis conformément au paragraphe 5 de l’annexe à la résolution 16/21 du Conseil des droits de l’homme : Bangladesh. A/HRC/WG.6/30/BGD/1. www.upr-info.org/sites/default/files/document/bangladesh/session_30_-_may_2018/a_hrc_wg.6_30_bgd_1_f.pdf [3]
Trichot, Ludivine. 2018. Le photographe Shahidul Alam arrêté et molesté par la police au Bangladesh. Dans Le Figaro. www.lefigaro.fr/culture/2018/08/08/03004-20180808ARTFIG00124-le-photographe-shahidul-alam-arrete-et-moleste-par-la-police-au-bangladesh.php
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