Le 10 octobre prochain marquera la 19e Journée mondiale contre la peine de mort. De nombreuses organisations mondiales luttent afin que la peine capitale soit abolie, car elle constitue une réponse injuste et arbitraire à la criminalité. L’événement organisé par la Coalition mondiale contre la peine de mort veut dédier cette journée plus particulièrement aux femmes. Aux femmes qui dans certains pays sont à risques d’être condamné à mort, à celle qui ont été exécutée et également à celles qui ont finalement été reconnues innocentes.

Les femmes n’étant qu’une faible proportion des individus condamnés à mort à travers le monde, peu d’informations sont donc disponibles sur la question. Celles-ci bénéficient donc de moins d’encadrement et de protection. Selon un rapport réalisé en 2018, on estime qu’au moins 800 femmes ont été condamnées à mort dans le monde dont plus de 100 ont été exécutées entre 2008 et 2018 [1].

La discrimination fondée sur le genre est une des injustices qui fait malheureusement partie du quotidien des femmes à travers le monde. Certains systèmes judiciaires n’y échappent pas également. Dans plusieurs cas, les femmes peuvent même se voir infliger une condamnation plus sévère qu’un homme pour le même crime [2]. Cela est dû à la discrimination fondée sur le genre dans le cadre des procédures pénales. Les préjugés sexistes s’immiscent durant l’enquête et lors du procès. Ainsi dans de nombreux cas les femmes n’auront pas accès à une représentation juste et à un procès équitable dû à leur situation économique précaire. Elles se retrouvent abandonnées par le système pénal qui n’est pas adapté à leur situation et en deviennent les victimes [3].

De plus, la sous-représentation des femmes dans les postes prenant part au système judiciaire ne fait qu’amplifier la discrimination dont celles-ci sont victimes. Dans certains pays, les corps de polices ainsi que les postes décisionnels des systèmes judiciaires sont occupés majoritairement, si ce n’est exclusivement, par des hommes [4] [5]. Cette sous-représentation dans les systèmes judiciaires et pénaux ne fait qu’accentuer le manque de compréhension de la situation des femmes ainsi qu’un système qui leur est adapté.

La majorité des condamnations à la peine de mort dont les femmes sont victimes à travers le monde sont majoritairement dues à des meurtres [6]. Toutefois, il faut s’intéresser aux causes entourant ces meurtres afin de comprendre la réelle injustice et le dysfonctionnement du système pénal. La plupart des femmes ayant commis des meurtres vont l’avoir fait pour se protéger d’un conjoint violent ou d’un agresseur sexuel. Ces circonstances atténuantes ne sont pas toujours prises en considération et malheureusement des femmes victimes d’actes violents sont condamnées à mort pour avoir tenté de se défendre et ainsi se voient infliger l’acte le plus violent qui soit.

L’ACAT Canada célébrera la Journée mondiale contre la peine de mort ce 10 octobre au côté de la Coalition mondiale contre la peine de mort ainsi que les organisations abolitionnistes du monde entier. Nous vous invitons à prendre connaissance de la brochure de l’événement qui présente des femmes exécutées, condamnées injustement ou détenues depuis des décennies dans les couloirs de la mort. Elles partagent leurs histoires. La brochure, offerte sur internet, offre une information détaillée sur ce que vous pouvez faire en tant qu’individu et comment vous impliquer en faveur de l’abolition de la peine de mort.

Nina Pérez, stagiaire

Sources

Centre Cornell sur la peine de mort dans le monde. 2021. Jugée pour plus que son crime. deathpenaltyworldwide.org/publication/judged-more-than-her-crime/jugee-pour-plus-que-son-crime/ [1] [5] [6]

European Parliament. 2017. Mapping the Representation of Women and Men in Legal Profession across the EU. www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/STUD/2017/596804/IPOL_STU(2017)596804_EN.pdf [4]

Milne, Emma et Jackie Turton. 2018. Understanding Violent Women. In: Milne E., Brennan K., South N., Turton J. (eds) Women and the Criminal Justice System. doi.org/10.1007/978-3-319-76774-1_6 [2]

OXFAM International. Pourquoi les personnes les plus pauvres sont majoritairement des femmes. www.oxfam.org/fr/pourquoi-les-personnes-les-plus-pauvres-sont-majoritairement-des-femmes [3]