Arrêtée le 12 octobre 2019, la journaliste dissidente Esraa Abdelfattah a été torturée parce qu’elle représente le mouvement que le gouvernement égyptien considère comme une menace au pouvoir.

La corruption, les coupes budgétaires, la violence contre des manifestants pacifiques et les menaces à l’endroit de la dissidence soulèvent la révolte des défenseurs des droits humains contre le président Abdel Fattah al Sissi. Ce dictateur a ordonné l’arrestation de milliers d’Égyptiens depuis septembre 2019 [1]. Parmi ces personnes, Esraa Abdelfattah, initiatrice du mouvement de la révolution de 2011 en Égypte, activiste, féministe et journaliste dissidente, a été enlevée par les forces de l’ordre et torturée injustement.

Alors qu’elle se trouvait dans son véhicule sur la route, Esraa Abdelfattah a été brutalement enlevée sans raison apparente par des agents en civil. Ceux-ci l’ont conduite dans un endroit secret puis torturée en l’étranglant, en l’humiliant et en l’obligeant à se tenir debout durant des heures. Ils voulaient qu’elle déverrouille son téléphone cellulaire, afin d’avoir accès à des informations. Toutefois, cette intention était fallacieuse, prétexte à exercer une répression musclée à l’égard des défenseurs de droits humains en dissidence contre le président Abdel Fattah al Sissi, et Esraa Abdelfattah en est une fière représentante.

Le mouvement de dissidence conteste les politiques mises de l’avant par le président égyptien et qui bafouent la dignité humaine, citée dans le préambule de l’Acte constitutif de l’Union africaine, pourtant présidée par Abdel Fattah al Sissi lui-même. Ce dernier a par exemple mis en place une loi antiterroriste visant à museler les médias et les journalistes qui contesteraient les communiqués officiels du gouvernement [2]. Il a de plus effectué des réformes économiques abolissant une série de mesures sociales, pour faire place à un régime d’austérité mettant la jeunesse dans une détresse économique [3]. La culture de la violence étatique atteint son paroxysme avec la torture des personnes qui sont arrêtées alors qu’elles manifestent paisiblement ou parce qu’elles ont participé au mouvement en prenant la parole dans les médias ou sur Internet.

Si l’Égypte est depuis des années le théâtre de répressions de toutes sortes [4], elle devient toutefois, avec l’arrestation de milliers de défenseurs de droits humains cet automne, la championne de la lutte contre la dissidence politique. Les méthodes employées par cette dérive autoritaire vont à l’encontre de la Convention contre la torture, à laquelle l’Égypte a adhéré en 1986, et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qu’elle a ratifié en 1982. En effet, disparitions forcées, arrestations arbitraires, procès inéquitables et torture sont courantes dans ce pays.

Amnesty International [5], l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) [6] et d’autres ONG appellent à l’action pour dénoncer la montée de la violence étatique en Égypte et exiger la libération d’Esraa Abdelfattah. L’ACAT Canada se joint à eux et vous suggère de demander aussi l’arrestation des auteurs de ces tortures à l’encontre d’Esraa Abdelfattah et des défenseurs des droits humains en général.

Appel à l’action préparé par Nancy Labonté, coordonnatrice


Vous pouvez agir

Lettre d’action en format .pdf : Lettre pour l’Égypte pdf 2019-11
Lettre d’action en format modifiable .docx : Lettre pour l’Égypte docx 2019-11


Sources

Amnesty International. 2018. Égypte 2017/2018. www.amnesty.org/fr/countries/middle-east-and-north-africa/egypt/report-egypt/ [4]

Amnesty International. 2019. Égypte. Plus grande vague d’arrestations massives depuis l’arrivée au pouvoir du président Abdel Fattah al Sissi. www.amnesty.org/fr/latest/news/2019/10/egypt-largest-wave-of-mass-arrests-since-president-abdel-fattah-al-sisi-came-to-power/ [1]

Amnesty International. 2019. Une défenseure des droits humains enlevée et torturée : la violence monte d’un cran en Égypte. www.amnesty.org/fr/latest/news/2019/10/egypt-steps-up-brutality-with-abduction-and-torture-of-human-rights-defender/ [5]

Le Monde. 2018. « L’Égypte est un marché bien trop grand pour que l’économie soit dominée par l’État ». www.lemonde.fr/afrique/article/2018/03/08/l-egypte-est-un-marche-bien-trop-grand-pour-que-l-economie-soit-dominee-par-l-etat_5267625_3212.html [2] [3]

OMCT. 2019. Egypt: Abduction, acts of torture and arbitrary detention of Ms. Esraa Abdel Fattah. www.omct.org/human-rights-defenders/urgent-interventions/egypt/2019/10/d25546/ [6]