Il y a des yeux qui reçoivent la lumière
et il y a des yeux qui la donnent.

Paul Claudel

En sa première partie, l’automne resplendit de l’abondance de la nature ; dans un chatoiement de lumière et de coloris, arbres et champs regorgent de fruits et de légumes, alors que de multiples odeurs circulent dans l’air frais des jours lumineux bien que plus courts, parfums de liberté et de gratuité, même en cette période incertaine d’un déconfinement si fragile!

Ces changements saisonniers qui modulent notre quotidien manifestent sans paroles la grandeur de la création autant que la bienveillance du Créateur. Pourtant, la seule saison vécue par les prisonniers et les personnes condamnées à mort, c’est celle de l’enfermement perpétuel dans leur cachot, de la monotonie recluse dans leur solitude. Toutes les journées sont pareilles aux autres, toujours grises, même lorsque luit la lumière du jour et que la nature irradie ses splendeurs.

Par notre prière, nos lettres et nos prises de position en faveur de la justice, partageons à nos frères et sœurs incarcérés, aux victimes de la torture, un peu de cette lumière automnale dans la conscience du privilège qui est nôtre de pouvoir profiter de toutes les largesses de la terre, notre maison commune, don de l’Éternel.


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HYMNE

Frappe à ma porte, Toi qui viens me déranger.
Frappe à ma porte, tu viens me ressusciter.
R/ Je ne sais ni le jour ni l’heure, mais je sais que c’est toi, Seigneur.

Frappe à ma porte tout le vent de ton Esprit.
Frappe à ma porte le cri de tous mes frères. R/

Frappe à ma porte le cri de tes affamés.
Frappe à ma porte la chaîne du prisonnier. R/

Frappe à ma porte, Toi, la misère du monde.
Frappe à ma porte le Dieu de toute ma joie. R/

P. Griolet — Fleurus / www.aelf.org/2020-07-20/canada/vepres

TEXTES SACRÉS

Que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous.

1 Thessaloniciens 3, 12

Les serviteurs dirent : « Seigneur, n’est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ? Veux-tu donc que nous allions l’enlever ? Il répond : ‘Non, en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps. Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson’… »

extrait de Matthieu 13, 27-30

Dans mon angoisse j’ai crié vers le Seigneur, et lui m’a exaucé, mis au large. On m’a poussé, bousculé pour m’abattre ; mais le Seigneur m’a défendu. Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ; il est pour moi le salut. La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux.

Psaume 117, 5. 13-14. 22-23

MÉDITATION

Personne ne se définit par sa faute. Il ne nous appartient pas de juger entre le bien et le mal car les deux réalités nous habitent. Patience; il nous faut attendre la moisson qui appartient à Dieu seul et qui, dans sa miséricorde, saura faire le tri et engranger les bons fruits produits à partir de cette semence de bonté qu’il a lui-même déposé en nos cœurs au début des temps.

*****

« Je voudrais plaider pour le cri, pour cette sorte de tremblement de terre qu’est le cri au cœur de l’homme, car le Christ lui aussi a gémi et appelé.

Le cri pur du Christ fait basculer la rumeur de l’humanité du côté de Dieu. Toutes les angoisses, les violences et la mort déferlent comme vagues au rivage du Christ. En Lui est le point de rassemblement, la clef de voûte qui supporte le poids des jours intenables. Ainsi le cri de l’humanité ne se perd pas en échos infinis dans un désert sans limite…

Dans ce grand désarroi, j’aimerais apprendre, à m’agenouiller encore pour redire contre vents et marées : Dieu ô mon Dieu, le dernier mot t’appartient. Ton Christ mettra l’ennemi sous ses pieds et les jours sombres de notre histoire disparaîtront à jamais. »

Sœur Myriam, Seigneur donne-nous la prière, © DDB 1998, pp. 63-64.

CHANTS

Comme Abraham – Félix Leclerc (vidéo et paroles)
Personne n’a bougé; les saints courent pas les rues. Quelqu’chose à essayer

J’aurai jamais 18 ans – Paul Piché (vidéo et paroles)
J’ai trop perdu, j’ai trop gagné Entre la prison pis mes parents

Marche de Sacco et Vanzetti – G.Moustaki /C. de la chanson (vidéo et paroles)
En écho à notre lutte solidaire, cette marche qui renvoie à une célèbre controverse judiciaire survenue aux États-Unis dans les années 1920 dans un climat d’effervescence sociale et qui se solda par l’exécution de deux ouvriers anarchistes.

ACTUALISATION

On compte les pandémies parmi les fléaux ayant accablé l’humanité depuis sa création. Les pestes du Moyen-Âge en Europe sont évidemment célèbres. Dans les Amériques, on considère que diverses épidémies ont décimé au moins 70% des 60 à 100 millions d’Autochtones qui y résidaient. Plus près de nous, la grippe espagnole frappe le monde au début du 20e siècle, se rajoutant au carnage de la Première guerre mondiale. Et maintenant voici la COVID 19, telle une répétition de l’histoire, qui s’est répandue comme une traînée de poudre

Il y a pourtant une grande différence avec les épidémies précédentes : pour la toute première fois, l’humanité a les moyens de se coordonner dans la lutte contre ce virus. Les nations semblent vouloir se rallier pour mener le combat de façon concertée. Les efforts convergents pour la découverte d’un vaccin et de médicaments sont un motif d’espérance alors que s’annonce une éventuelle deuxième vague. Saurons-nous unir véritablement nos efforts collectifs que nous pouvons forger par nos choix quotidiens?

PISTES DE RÉFLEXION

  • Quels extraits des contenus proposés me rejoignent ? Pourquoi ?
  • En quoi la pandémie a-t-elle changé mon point de vue sur les enjeux de justice sociale?
  • Que penser de la situation des prisonniers et des condamnés à mort aux prises avec un surplus d’angoisse créé par la pandémie?
  • Le confinement des derniers mois me permet-il de mieux saisir leur désarroi et parfois leur désespoir?

PROLONGEMENTS POSSIBLES

« L’homicide volontaire d’une personne est inacceptable et, en tant que gouverneur, je ne superviserai l’exécution de personne. Notre système de peine de mort a été, en tout point, un échec. Il a été discriminatoire envers les accusés souffrant de maladie mentale, envers les accusés noirs ou basanés, et envers les accusés n’ayant pas les moyens de s’offrir les coûteux services d’un avocat. Il n’a pas permis de renforcer la sécurité publique et n’a pas eu d’effet dissuasif. Il a coûté des milliards de dollars aux contribuables. Et surtout, la peine de mort a un caractère définitif. Elle est irréversible et irréparable en cas d’erreur humaine. »

Gavin Newsom, gouverneur de l’État de la Californie, 13 mars 2019
cité dans le rapport mondial d’AMNISTIE INTERNATIONALE, en avril 2020, p. 7.

PRIÈRE : Pour mon frère torturé

Seigneur, tu étais son espérance, seras-tu un jour sa délivrance?

Seigneur, ils l’ont plongé dans le froid de la longue nuit, laisseras-tu filtrer
dans sa geôle un peu de ton aube?

Seigneur, ils ont meurtri son pauvre corps de partout, Seigneur, ils ont
voilé la face de son soleil, seras-tu le baume qui réconforte?

Seigneur, il a crié l’horreur, la honte, l’humiliation, seras-tu son psaume,
dans la nuée brumeuse de ses souffrances?

Seigneur, il ne sait plus ce que veut dire aimer, pardonner, il ne connaît
plus que l’amertume, la révolte, seras-tu la lumière de la réconciliation?

Seigneur, il tend les mains vers toi. Tu es son ultime secours, son
espérance, seras-tu sa délivrance?

Seigneur, Dieu Amour, Dieu Espérance, je te prie pour mon frère torturé…
Seigneur, sois ma délivrance pour que j’aie aussi la force de te prier pour
ses bourreaux.

Élise Fisher in DUBOIS-DUMÉE, Écoute, Seigneur ma prière, @ DDB, 1988, p. 500.


Comité Solidarité Prière : F. Delorme, D. Fortin, R. Labbé, J.-M. Laforest.

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