Le 17 mars dernier, l’ACAT France a interviewé Teng Biao, un avocat chinois défenseur des droits de la personne, sur le respect de ces droits par les autorités chinoises. La situation, qui se détériore un peu plus tous les jours depuis les lendemains du massacre de la place Tiananmen en 1989, s’est dégradée encore davantage avec l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir en 2013.
Lorsqu’il est interrogé par l’ACAT au sujet de la situation des droits de la personne en Chine, Teng Biao répond que l’année 2015 a été marquée par une forte répression de la société civile ; des féministes, des ouvriers et des avocats ont été détenus et maltraités. Lorsqu’il regarde les condamnations successives d’avocats pour des crimes tels que « subversion du pouvoir de l’État » et la multiplication des aveux forcés télévisés, il se dit que l’année 2016 ne s’annonce guère mieux.
Aujourd’hui, les victimes d’abus sont privées de défenseurs par le pouvoir et le pays est privé des principaux acteurs qui s’assurent du respect de l’État de droit par les autorités. La torture est particulièrement répandue, la liberté d’expression est quasiment inexistante, il n’existe pas de liberté de religion, la peine de mort continue d’être pratiquée à grande échelle, les procès inéquitables constituent la majorité des procès et le système judiciaire est entaché d’abus.
Teng Biao affirme que la multiplication des actes de harcèlement à l’encontre des défenseurs des droits de la personne depuis 2013 est attribuable à l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir. Le régime actuel rejette totalement les notions d’État de droit et de démocratie en plus de considérer que la défense des droits humains est une menace politique. D’ailleurs, plusieurs milliers de défenseurs auraient été arrêtés et détenus depuis mars 2013. En fait, tous ceux qui osent défendre une voix différente de celle du régime ainsi que leurs familles et proches sont harcelés, régulièrement arrêtés, persécutés ou victimes de disparitions forcées. Aujourd’hui, il est quasiment impossible pour les organisations de défendre les droits de la personne depuis l’intérieur de la Chine. Des personnes continuent pourtant d’élever leurs voix face à l’arbitraire et, selon Teng Biao, ce sont elles qui feront toute la différence quand le temps sera venu.
D’ailleurs, le temps viendra peut-être plus tôt que l’on pourrait espérer. En effet, après des années de relatif silence des États de la communauté internationale sur l’état des libertés en Chine, une déclaration co-signée par plusieurs États vient d’être faite devant le Conseil des droits de l’homme pour dénoncer les actes de harcèlement, arrestations et détentions et arbitraires de défenseurs des droits humains. Teng Biao dit accueillir très positivement ce type de déclarations qui permet d’envoyer un message clair aux autorités chinoises ; leur attitude face aux droits humains est inacceptable.
Bien que les autorités chinoises ont considéré qu’il s’agissait de l’« une des offensives collectives les plus importantes contre la Chine », Teng Biao dit être conscient que cette déclaration n’aura pas un impact immédiat sur les politiques chinoises. Néanmoins, cette déclaration fait partie intégrante de la lutte contre l’impunité et permet de rompre le silence des États démocratiques face à des violations graves des droits de la personne commises en Chine.
Lien vers l’entrevue intégrale, via ACAT France : https://www.acatfrance.fr/actualite/chine–une-repression-sans-precedent-depuis-plus-de-20-ans-